FOLIES BERGERE ... treize lettres qui évoquent depuis plus de deux siècles et dans tous les pays, l'un des plus prestigieux music-halls du monde. C'est aux FOLIES BERGERE, qu'au 19ème siècle, il y a plus de 130 ans est née la première revue de music-hall.
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Vouée au divertissement, cette salle de spectacle va devenir le modèle du genre. Née à la veille de la guerre de 1870, cette scène que rien ne prédisposait pourtant à devenir le symbole de la vie parisienne et du plaisir à la française, a présenté, de la belle époque à nos jours, toutes les étoiles d'un art difficile et populaire, toutes les musiques, toutes les modes d'un siècle riche en bouleversements et mutations de toutes sortes... MAUPASSANT sera un spectateur du promenoir qu'il décrit dans 'Bel Ami'. COLETTE y sera 'petite femme nue', suivie par Denise GREY... et Jacky SARDOU qui y commença sa carrière comme danseuse à 16 ans. MANET peindra en 1881 l'un des plus célèbres tableaux impressionnistes: 'Le Bar des Folies Bergère', et la BELLE OTERO y paraîtra en scène, revêtue de deux parures inestimables qui avaient appartenu... à l'Impératrice EUGENIE et à l'Impératrice d'Autriche. |
![]() FEYDEAU écrira la suite des aventures de la Môme Crevette dans 'La Duchesse des Folies Bergère' et LEO MALLET écrira un roman policier 'Enigme aux Folies Bergère' dont l'intrigue a pour cadre les FOLIES. |
La naissance des Folies: du moine paillard à Nana... en passant par la Comédie-Française !
Au XVIe siècle, on trouvait à l'emplacement du 32 rue Richer, des champs traversés par une petite rivière appelée: la Grange-Batelière (cette même rivière qui, devenu souterraine, passerait toujours sous le Grand Foyer des Folies Bergère et qui, selon les auteurs du Fantôme de l'Opéra passe sous l'Opéra Garnier). On raconte que le terrain appartenait à un moine qui, afin d'obtenir l'absolution de son péché de gourmandise et le pardon de son penchant pour le bon vin, légua sa propriété à l'hospice des Quinze-Vingts que St Louis avait crée en 1260.
Initialement baptisée 'Ruelle de l'égout', la rue Richer (du nom de l'Echevin de Paris, Jean Charles Richer) fut ouverte par lettres patentes du 9 mars 1782.
Pendant le XVIIe et au début du XVIIIe siècle ces champs furent exploités par des maraîchers, et, vers 1863, avec les grands travaux du baron Haussmann, les maraîchers laissèrent la place aux maisons d'habitation et au commerce. C'est ainsi qu'à l'origine, bien avant d'être un music-hall, ce bâtiment fut un grand magasin spécialisé dans la literie, et baptisé 'Aux Colonnes d'Hercule'.. Très vite ce magasin populaire fut surnommé 'Au sommier élastique'.
Mais, il faut croire qu'il ne fit pas de très bonnes affaires, puisque, 4ans plus tard, en décembre 1867, dans l'Album des théâtres, parût cette information : 'Est-il vrai qu'on va élever, rue Richer, à côté du magasin des 'Colonnes d'Hercule', une nouvelle salle de spectacle ?' Déjà les entrepreneurs sont à l’œuvre.
L'architecte Plumeret, inspecteur des bâtiments de la couronne, dirigea les travaux qui traînèrent et furent onéreux, et, enfin, l'inauguration eut lieu le 2 mai 1869.
Il est fort probable que l'on doive indirectement l'ouverture des Folies Bergère à une sociétaire de la Comédie-Française Mme Cornelie. En effet jusqu'en 1867 les théâtres étaient très protégés, et il était formellement interdit, sous peine d'amendes sévères de se costumer, de danser ou d'utiliser des accessoires, en dehors de ceux cis. Mais, en 1867, Mme Cornelie, sociétaire de la Comédie Française, souhaita se produire dans un café concert. Est-ce parce qu'elle était très liée avec un ministre, ou bien parce qu'elle était une excellente interprète des vers de Corneille ou de Racine... En tout cas le ministre décida d'abroger la loi !
Ainsi naquirent les premiers cafés-concerts, et cafés-chantants où l'on pouvait danser, se costumer, chanter, dire des textes devant un décor, comme dans un théâtre.
Comme l'explique le QUID, Folies désignait, depuis la fin du XVIIIe, les 'maisons de plaisance', créées sous la Régence par la haute noblesse, pour des fêtes nocturnes avec concerts, spectacles et ballets [étymologies proposées: 1o) caprice entraînant de folles dépenses ; 2o) foglia (du latin folia, feuille), car la noblesse napolitaine construisait ses retraites à la campagne].
A Paris, les plus connues, en 1789, étaient les Folies Méricourt, Folies St-James, Folies Richelieu, Folies Beaujon, Folies Regnault (la Roquette), qui donnèrent leur nom à leur quartier.
La mode, depuis 1830, était de baptiser les salles de spectacle du nom de 'Folies' suivies du nom du quartier où elles se situaient (Folies Dramatiques (1830), Marigny (1848), Nouvelles (1852), Saint-Antoine (1865). Initialement, le premier directeur M. Boislève avait donc pensé baptiser sa nouvelle salle de spectacle 'Folies Trévise', du nom de la rue de Trévise toute proche, où se situait l'entrée des artistes. Mais le Duc de Trévise s'opposa formellement à ce que son nom soit associé à une salle de spectacle !
Afin de ne plus rencontrer ce type de problème, M. Boislève renonça aussi à baptiser sa nouvelle salle du nom des rues 'Richer' et 'Geoffroy-Marie', qui conduisaient à son théâtre, puisqu'elles aussi, portaient des noms de famille. Et c'est ainsi que l'on choisit le nom de la rue Bergère, toute proche, qui, elle, avait l'énorme avantage de ne pas porter le nom d'une famille !
C'est donc pour cela que 'FOLIES BERGÈRE' s'écrit sans 'S' à Bergère puisqu'il s'agit des folies de la rue Bergère et non pas des folies de plusieurs bergères !
![]() On inaugura en grande pompe cette nouvelle salle le 2 mai 1869. Elle était vaste, de grandes dimensions, et tout y était prévu pour impressionner le spectateur. La salle était l'une des plus belles du genre. Tout y était large, spacieux, grandiose, confortable. Deux observations toutefois : 'un trop grand vaisseau, la voix s'y perd' et 'un peu plus de lumière serait nécessaire'. L'Eclipse du 16 mai ironisait dans ce sens : 'une salle très ingénieusement agencée... pour l'acoustique de la pantomime ! Décoration riche et de bon goût. Un espace suffisant à la circulation des consommations. Première grande salle de music-hall ouverte à Paris, spécialisée dans les variétés à grand spectacle, sur le modèle de l'Alhambra de Londres. elle différait d'un café concert par ce que, en plus des consommations, il fallait payer un droit d'entrée comme dans un théâtre, mais elle n'était cependant pas tout à fait un théâtre puisque, pendant le spectacle, on pouvait aller et venir librement, s'asseoir à des tables, boire et fumer. Formule hybride entre le café, le concert, et le théâtre, les Folies-Bergère accueillaient une clientèle interlope qui buvait, fumait, discutait, s'amusait, circulait du hall au promenoir et du bar à la salle sans discontinuer. Malheureusement le succès ne fut pas au rendez-vous et. pendant la guerre de 1870 la salle changea de destination et elle fut utilisée pour y tenir des réunions politiques. Pendant le siège de Paris, la salle servit à des réunions politiques. Jules Michelet et Henri Rochefort y prirent la parole. Le 21 mars 1871, la Commune à peine proclamée, M. Durecu rouvrit avec un spectaclejoué par une troupe improvisée.... Il ferma dix jours plus tard. Elle retrouva sa destination première en 1871 lorsque Léon Sari, un grand directeur qui avait fait fortune en dirigeant un théâtre du boulevard du temple, décida de la racheter et d'entamer de nouveaux travaux. Il ajouta d'abord un promenoir puis il fit aménager un immense jardin d'hiver sur le terrain vague qui se trouvait avant l'entrée de la salle et en septembre 1872 il inaugura ses nouvelles Folies. |
Désormais le public pouvait aller et venir entre la salle, le jardin d'hiver, le bar et le promenoir (assidûment fréquentés par des dames de petite vertu...). Sacrifiant à la mode orientaliste le jardin d'hiver était particulièrement spectaculaire: 'Le jardin, avec ses galeries du haut, ses arcades découpées en de grossières guipures de bois, avec ses losanges pleins, ses trèfles évidés, teints d'ocre rouge et or, son plafond d'étoffe à pompons et à glands, rayé de grenat et de bis, ses fausses fontaines Louvois, avec trois femmes adossées entre deux énormes soucoupes de simili bronze plantées au milieu de touffes vertes, ses allées tapissées de tables, de divans de jonc, de chaises et de comptoirs tenus par des femmes amplement grimées, ressemble tout à la fois au bouillon de la rue Montesquieu et à un bazar algérien ou turc... avec une vague senteur en plus de ces estaminets-salons ouverts dans l'ancienne banlieue et ornés d'orientales colonnades et de glaces. Ce théâtre, avec sa salle de spectacle dont le rouge flétri et l'or crasse jurent auprès du luxe tout battant neuf du faux jardin, est le seul endroit de Paris qui pue aussi délicieusement le maquillage des tendresses payées et les abois des corruptions qui se lassent.' (Joris-Karl Huysmans - Croquis parisiens - 1880)
![]() C'est le début du succès pour les Folies Bergère. Manet peindra en 1881 l'un des plus célèbres tableaux impressionnistes: 'Le Bar des Folies Bergère' et Maupassant dans son bon roman 'Bel Ami' y décrira: 'des demoiselles aux yeux charbonnés qui lui jetaient de troublants sourires avec l'émail de leurs fausses dents'. L'atmosphère qui règne aux Folies est tout à fait celle qu'à si bien décrite Zola dans son roman 'Nana'. Une recherche documentaire sur les Folies Bergère en 1881 révèle que les trois bars étaient placés dans le jardin artificiel du rez-de-chaussée, et que, par conséquent, d'aucun de ces bars on ne pouvait voir la salle, le public, ni même leur reflet. Manet est donc ici pris en flagrant délit de recomposition de l'espace réel des Folies Bergère. On a pu reconnaître avec certitude, dans l'élégante dame en blanc et gants jaunes assise au premier rang de la loge, Méry Laurent, cette demi-mondaine entretenue par un riche dentiste, et amie du peintre. Derrière elle se tient Jeanne de Marsy, actrice connue. Quant aux bottines vertes qui apparaissent dans l'angle supérieur gauche, ce sont peut-être celles d'une trapéziste américaine, Katarina Jones, qui fit son numéro aux Folies Bergère en 1881 et attira beaucoup de spectateurs. L'utilisation des globes électriques était en avance sur son temps, et l' ' Exposition de l'Electricité ', à Paris, en 1881, la désignait comme la toute nouvelle invention. On dit de Méry Laurent, en blanc et gants jaunes sur le tableau, qu'elle a inspiré à Zola le personnage de Nana. |
Édouard Marchand: l'inventeur de la revue à grand spectacle
C'est lui qui fut l'inventeur du genre 'revue de music-hall': le 30 novembre 1886 les Folies présentaient à leur public 'Place au jeûne' (et non pas Place aux jeunes !). Ce spectacle mêlait ballets (avec la première apparition d'un groupe de girls d'Europe centrale), attractions, tours de chant et intermèdes comiques.
Les présentateurs qui assuraient le lien entre chaque numéro étaient baptisés 'compère et commère', et à la manière de nos chansonniers d'aujourd'hui, passaient en revue l'actualité du moment en brocardant les hommes politiques.
Marchand consacra un budget conséquent à ce nouveau genre de spectacle mais les 10 000 francs de l'époque qu'il dépensa font sourire lorsqu'on songe aux millions de francs, puis aux millions d'euros investis dans une revue au siècle suivant! Il n'en reste pas moins que la petite histoire raconte que, lorsqu'elle en sut le prix Mme Allemand tomba malade.
Avec les bénéfices générés par leur théâtre, les Allemands financèrent d'importants travaux: ils firent installer des ventilateurs pour le confort du public, mais, surtout, pour pouvoir accueillir plus de spectateurs, ils firent rehausser la salle de 10 mètres pour rajouter un étage supplémentaire.
Très vite Marchand comprit que 'la femme' était au coeur du concept qu'il voulait imposer aux Folies Bergère ; c'est ainsi qu'il présenta en vedette les 'cocottes' de la Belle Époque: la Cavaliéri, la Tortojada, la belle Caroline Otéro, Liane de Pougy, Emilienne d'Alençon, Cleo de Mérode ou Loie Fuller, qui fut l'étoile des Folies pendant 10 ans.
Des frères Isola à Clément Banel: la revue atteint sa majorité.
Paul Derval: le Maître des Folies
Alexis Pitron d'Obigny de Ferrière dit Paul Derval avait été acteur et avait très vite compris que la modestie des rôles qu'on lui proposait ne lui permettrait pas de faire une grande carrière de comédien. Il monta donc sa propre entreprise de tournées qu'il gérait de façon magistrale.
Très vite, Jules Dumien fut conquis par la maîtrise et le sens du spectacle dont faisait preuve Derval. Il renvoya Beretta et confia à son nouveau directeur la mission de concurrencer le Casino de Paris où Volterra attirait un public de plus en plus nombreux.
Son expérience du théâtre permit à Paul Derval de mettre très vite en place ce que nous appellerions aujourd'hui un plan marketing: faire 'écrire' et mettre en scène ses revues par les meilleurs faiseurs du moment. Dans le même temps, concentrer tous ses efforts non plus seulement sur l'engagement de vedettes et d'attractions mais aussi sur le faste et le luxe des productions.
Désormais ses revues (toutes écrites par Lemarchand) devraient proposer aux spectateurs une débauche de costumes, de décors, d'effets de mise en scène pour mettre en valeur sa troupe qui serait composée de girls anglaises à la discipline de fer et de 'petites femmes nues'.
Pour Derval les petites femmes nues seront la marque de fabrique des Folies. 'Ah, ces femmes nues, dira-t-il plus tard, si je m'avisais de les supprimer, je n'aurais plus qu'à fermer la boutique...'.
Profondément superstitieux il décida aussi que tous les titres des revues présentées aux Folies devraient comporter 13 lettres ainsi que le mot 'folie' au singulier ou au pluriel.
Dans le contexte des Années 20 et du début des Années Folles, la mise en application de tous ces éléments ouvre à Paul Derval la voie du triomphe. Le public est au rendez-vous et il adore cette profusion de décors, costumes, d'effets de mise en scène, de danseuses et surtout... de femmes nues. Derval se moque des critiques et des grincheux ('Mais enfin, jusqu'où prétend-on aller dans cette voie ? Une revue sans femmes nues aurait maintenant au moins une chance de paraître originale' Gustave Fréjaville).
En 1922 il utilise le cinéma comme effet de mise en scène et la meneuse de revue, Jenny Golder, sortait littéralement de l'écran en le crevant.
La Revue Des Folies-Bergere, ' La Grande Folie'. Hyper-Revue a grande spectacle en 2 Actes et 60 Tableaux. Mise en scene de M. Pierre Frejol. Musique nouvelle de MM. Maurice Hermite, Vincent Scotto, Paul Linke, Pierre Larrieu, Ph. Pares, Ackermann, A.J. Mauprey, Jean Boyer, Gil d'Ajil, Pablo Labor, Sylviano, Maye et Borel-Clerc. Danses anglaises reglees par Miss Doris Birch sous la direction de Mrs. John Tiller. Choregraphie de Madame Komarova. Conduite de la Revue: M. Georges Triel. Regie: M. Lucien Gaget. Costumes et Rideaux brodes de Max Weldy. Costumes d'apres les maquettes de Georges Barbier, Erté, Zamora, Zig, Montedoro, Czettel, Borge Fyscher, Ranson et Dolly Tree. Les Rideaux d'apres les maquettes de Zamora, Endre et Pierre Thiriot. Decors de Deshays et Arnaud, Bertin, Marc-Henry et Laverdet, Jolivet et Cloccarl. Cartonnages de M. Walle et de M. Buzon. Machinerie de Courbois et Charton. Jeux de lumieres de P. Gerente - Acessoires de Gondeau. Perruques de Pontet-Vivant-Chaussures de Crait-Chef Tapissier: M. Bellomo.
'Ce fut une belle gageure. J'avais décidé de créer un deuxième balcon, de refaire les murs, les plafonds, les fondations elles-mêmes... tout cela sans interrompre les représentations.
On voit au music-hall des numéros d'illusionnistes qui manipulent des boîtes s'insérant l'une dans l'autre. Ce fut exactement le procédé employé pour la réfection des Folies.
Bien avant l'intervention du mot 'préfabriqué', un nouveau hall et une nouvelle salle furent construit en atelier: on les apporta morceau par morceau pour couvrir les anciens murs de l'ancienne galerie. Pour la façade, nous changeâmes de méthode: un mur fut construit à l'intérieur du théâtre, puis, celui-ci terminé, on détruisit l'ancienne façade. On bâtit alors celle qui devait la remplacer et il ne resta plus qu'à supprimer le mur provisoire.' (P. Derval, Folies Bergère).
Tout ceci n'empêcha pas Derval de permettre aux dames de petite vertu de continuer à 'faire leurs affaires'. Comme au temps de Maupassant, 'Elles sont inouïes et elles sont splendides, lorsque dans l'hémicycle longeant la salle elles marchent deux à deux, poudrées et fardées, l'oeil noyé dans une estompe de bleu pâle, les lèvres cerclées d'un rouge fracassant, les seins projetés en avant sur des reins sanglés, soufflant des effluves d'opoponax qu'elles rabattent en s'éventant et auxquels se mêlent le puissant arôme de leur dessous de bras et le très fin parfum d'une fleur en train d'expirer à leur corsage.' (Huysmans)
Coup de maître pour Derval, tant les intellectuels que le public populaire courut aux Folies. Et, colportée dans le monde entier par les étrangers venus à Paris attirés par les fêtes des Années Folles la gloire des Folies Bergère commença à se répandre dans le monde entier.
En 1933, c'est le retour de Mistinguett dans Folies en Folie. Elle n'y était pas revenue depuis 16 ans: 'Elle est propriété nationale. A-t-elle encore cette année sa démarche qui rappelle celle de Réjane, ses prunelles couleur de fleur de chicorée, ses longues jambes, sa denture inattaquable, son gai sourire et son regard sentimentale ?' (Colette, Le Matin).
Pour son retour Derval lui fait écrire une nouvelle chanson: 'Oui, c'est moi, me r'voilà, je m'ramène', qu'elle chante en descendant le grand escalier.
Et tous les soirs lorsque la Miss est au milieu de sa descente, l'orchestre est obligé de faire une pause pour permettre au public de lui faire une formidable ovation !
A cette éblouissante entrée, succède celle de son partenaire, Fernandel, seul, malheureux, sur la plus haute marche d'un escalier qui n'en compte que... trois!
1936: le retour de Joséphine et l'entrée de Michel Gyarmathy...
En 1936, Derval fit revenir de New York sa chère Joséphine pour mener ' En Super Folies'. C'est un jeune hongrois, Michel Gyarmathy tout
fraîchement débarqué de son Balasagyarmath natal qui en dessina l'affiche.
Depuis sa première aux Folies en 1927, Joséphine était devenue une star incontournable. Si les quelques films qu'elle tourna ne rencontrent pas le succès espéré, elle triompha cependant dans la chanson avec son célèbre J'ai deux amours... que Vincent Scotto écrivit pour elle en 1931. Mais c'est surtout au music-hall, en meneuse de revue que le public adore la voir. Mistinguett ne s'y trompait pas, qui voyait en elle sa principale rivale ! Jusqu'à la fin de sa vie, elle feignit de ne pas se souvenir de son nom:... comment s'appelle-t-elle déjà cette négresse qui danse avec ses bananes...?
En 1938, ce fut Rita Georg qui mena la revue, suivie en 1939 par Jeanne Aubert.
14 juin 1940: les Allemands occupent Paris. Paul Derval décide de fermer les Folies, et, accompagné de son épouse Antonia, se réfugient en Normandie, pendant que Michel Gyarmathy, de confession juive, quitte son appartement pour se cacher dans celui des Derval.
Les Allemands, mécontents de la fermeture des Folies, imposent leur réouverture et la troupe remonte à la hâte et à la vaille que vaille une revue 'à l'économie'. Les machinistes et les techniciens étant soit partis au front, soit entrés dans la résistance, c'est sur l'escalier du Grand Foyer, et avec très peu d'éclairages à cause des restrictions que cette nouvelle 'revue' est jouée à partir du 31 juillet 1940. Est-il besoin de dire que cette revue, sauf peut-être par son côté 'bricolage', ne marquera pas l'histoire des Folies !
Ce n'est qu'après de multiples tractations et démarches que les Derval obtiennent l'autorisation de revenir à Paris pour diriger leur théâtre, à une seule condition: présenter de véritables revues. Avec l'aide de Michel Gyarmathy (toujours caché pour cause d'antisémitisme) quatre revues seront présentées pendant la guerre. À l'affiche: Reine Paulet, Viviane Gosset et Claudette Fleuriot qui, entrée aux Folies comme simple danseuse dans le ballet, était maintenant en haut de l'affiche.
En 1945 c'est La Folie du Rythme qui est à l'affiche, avec en vedette Charles Trenet dans son tour de chant.
![]() 1949 : le retour de Joséphine Baker qui n'a pas perdu son temps pendant la guerre. 'Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, elle se mobilise pour la Croix-Rouge. Elle participe aussi à des actes de résistance. Sa popularité était telle que Göring, dit-on, n'osant l'arrêter, la fit inviter à un dîner-spectacle où l'on tenta de l'empoisonner. Voyant sa vie menacée dans la France occupée, elle s'enfuit et gagne le Maroc où elle se met à la disposition des services de renseignements de la France libre. Elle s'acquitte de missions importantes. A la Libération, elle poursuit ses activités pour la Croix Rouge, et chante pour les soldats et résistants près du front. Ses activités durant la guerre lui vaudront la Légion d'honneur après les hostilités. D'autres artistes comme Mistinguett, Maurice Chevalier ou Arletty se verront reprocher une attitude plus ambiguë...' Encyclopédie Wikipedia. Avec Féerie Folies, 'l'impératrice Joséphine' fait ses adieux à la scène qui avait fait d'elle l'une des reines les plus adorées du music-hall. En 1952 Derval et Gyarmathy deviennent les Pygmalions d'une nouvelle star 'maison': Yvonne Ménard. Engagée comme mannequin nu, ils lui feront gravir tous les échelons de la hiérarchie Folies. Un vrai titi parisien dans un corps de Tanagra qui sera l'une des meneuses fétiches du 32 rue Richer. Vinrent ensuite Nita Raya (ex partenaire et compagne de Maurice Chevalier) puis Franca Duval et Marlène Charrel, mais, à près de 80 ans, Paul Derval n'a plus l'énergie dont il avait fait preuve dans les années 20 et sa clairvoyance s'émousse. La créativité et l'inventivité de Gyarmathy s'essouflent,. La presse est de moins en moins tendre avec eux. 'Il est à craindre que si Paul Derval ne se décide pas à engager un auteur, un metteur en scène et un chorégraphe - M. Gyarmathy n'est rien de tout cela - les Folies Bergère ne finissent par perdre de leur prestige.... On aurait pourtant aimé que le ton fut rehaussé par une vedette ou par une grande attraction nouvelle ' Maurice Rapin - Le Figaro. C'est le 20 mai 1966 que seront célébrées les obsèques de Mr Derval en la chapelle de Saint-Honoré d'Eylau. Il avait 86 ans et pendant 48 ans il avait régné sans partage sur le plus célèbre music-hall du monde. Son épouse, Antonia, s'appuyant sur Michel Gyarmathy et son administratrice Maryse Cournil, lui succéda. Mais la sublime 'Usine à rêves' était essoufflée. 'Et vive la folie', revue rétrospective produite à l'occasion du centenaire de l'ouverture des Folies, dont les seules vedettes étaient les tonnes de plume, de décors, de costumes, de broderies et de paillettes, ne sonna pas l'heure d'une nouvelle ère. Avec 'J'Aime à la Folie', menée par Liliane Montevechi, qui lui succéda se termine plus d'un demi-siècle de direction des Derval. |
1968: Les théâtres de Paris en grève ont fermé leurs portes.
La Comédie-Française et le TNP sont placés sous la protection du personnel qui occupe les locaux.
Les Folies bergère sont aussi occupées par le personnel et une banderole sur la façade du théâtre demande des 'dons en espèces uniquement'...
Août 1974: avec Hélène Martini, l'impératrice de la nuit, une cure de jouvence pour les Folies !
![]() Mme veuve Derval transmit ses pouvoirs à Hélène Martini en août 1974 ; vingt-cinq ans auparavant, elle avait été mannequin aux... Folies Bergère ! Cette nouvelle maîtresse des lieux, réunit les qualités propres à maintenir encore en activité le tout dernier music-hall de l'histoire, demeuré fidèle à la tradition. Née au bord du Niémen d'un père français et d'une mère russe, HELENE MARTINI est nourrie dès sa plus tendre enfance des deux cultures. C'est avec BALZAC, ZOLA ou HUGO que son père lui apprend à lire... et c'est à travers GOGOL ou DOSTOIEWSKI que sa mère, née dans ce qui n'était pas encore l'Union soviétique, lui fait découvrir l'âme slave. La guerre vient briser son enfance. Son destin bascule. Désormais elle doit apprendre à se suffire à elle-même. Son adolescence a été forgée par la guerre. Sa vie de femme va commencer. Elle décide de la faire dans le pays de son père. |
1945: Elle arrive en FRANCE. Elle découvre le Paris de l'après-guerre et goûte aux plaisirs de ta liberté retrouvée.
1948: Un pari avec une amie l'amène à passer une audition aux... FOLIES BERGERE... Elle est engagée dans la troupe comme 'mannequin habillé' ! Quelques semaines plus tard, dans une librairie, elle rencontre un monsieur qui semble partager ses goûts en matière de littérature... Le soir même il vient la voir aux FOLIES. Ils ne se quitteront plus et il lui demandera de devenir Madame MARTINI. Dés le début des années 50, ils partent à la conquête du Paris des spectacles en ouvrant peu à peu des théâtres et des cabarets où ils présenteront les plus grandes vedettes de l'époque... de Joséphine BAKER à Jacques BREL, d'Edith PIAF à POIRET et SERRAULT (qui ne sont pas encore les auteurs de 'la Cage aux Folles' mais qui en ont le talent). Sa passion du travail bien fait qui n'a d'égal que son instinct du spectacle la conduira à devenir l'amie des plus grands artistes à qui elle confiera ses spectacles: ERTE, son ami de toujours, fera les décors et costumes de ses revues, Jacques CHARRON oubliera pour un temps la COMEDIE FRANCAISE pour faire des mises en scène de comédies musicales écrites par Charles AZNAVOUR ; Nicolas BATAILLE passera de Ionesco aux revues décorées par ERTE ; Pierre PORTE à qui elle sera la première à confier la musique originale d'une revue ; Per SPOOK son ami et couturier pour le travail duquel elle a une telle passion qu'elle n'a jamais, pendant plus de 30 ans, été habillée par un autre couturier.
1952: Après Les Ambassadeurs, sur les Champs Elysées, où ils présentent Joséphine BAKER, les époux MARTINI partent aux Etats Unis où ils ouvrent le French Casino et montent des spectacles avec Franck SINATRA. Avec eux, Sugar RAY ROBINSON monte pour la première fois sur une scène de théâtre.
1955: Retour à PARIS, où naît le nouveau cabaret du MOULIN ROUGE. Hélène MARTINI y présente Charles TRENET dans une revue où les costumes sont signés ERTE.
1956: Ouverture sur les Champs Elysées du DRAP D'OR ou pendant 10 ans les plus grandes stars vont se produire: Edith PIAF, Jacques BREL, Raymond DEVOS, POIRET et SERRAULT, Léo FERRE, Enrico MACIAS, LES FRERES JACQUES.
1957: Ses goûts slaves la poussent à reprendre le plus ancien cabaret russe de Paris 'SHEHERAZADE', né lors de la visite de DIAGHILEV à Paris.
1959: Elle aborde sa 11ème année à Paris en prenant La direction du théâtre créé par OFFENBACH... le Théâtre des BOUFFES PARISIENS. Elle y fera jouer Marcel AYME, PEYREFITTE ou BARILLET et GREDY. Aux BOUFFES, les plus grandes vedettes du théâtre français vont triompher sous sa direction: Francis BLANCHE, Edwige FEUILLERE, Sophie DESMARET, Robert HIRSCH, Jacqueline COURRIER ÉLECTRONIQUELAN, Jean LE POULAIN. C'est aussi sous sa direction que seront créées des succès qui feront le tour du monde: FLEUR DE CACTUS, de BARILLET et GREDY, PIEGE POUR UN HOMME SEUL, de Robert THOMAS, LE PLACARD de Arthur KOPIT... (l'auteur de NINE), FOLLE AMANDA.
1960: La disparition de son mari qu'elle ne remplacera jamais 'car les vraies rencontres ne se produisent qu'une seule - fois' la pousse à corps perdu dans la création de spectacle qui deviendront des modèles du genre et qui donneront un style à des générations entières...
1961: Elle découvre Nicolas BATAILLE qui présente chez elle revue 'FEMMES FEMMES'.
1962: Devant la qualité du travail de Nicolas BATAILLE, elle décide de monter aux FOLIES PIGALLE une revue dont il fera la mise en scène ERTE les décors et les costumes.. La vedette est confiée à VINCE TAYLOR. C'est la naissance de TWIST APPEAL. Le Tout-Paris de toutes les générations redécouvre Pigalle et va s'habiller à la mode de ERTE: cuir et bijoux ! Parallèlement, elle dirige un nouvel établissement qui lancera la mode 'discothèque': Le JAMES PALLADIUM ancêtre des grands du Disco !
1965: Avec son ami ERIE, elle rêve d'un cabaret 'à la russe' où ils pourraient boire un thé en écoutant la musique qu'ils aiment. En une nuit tout est créé: look, maquettes, les invitations sont lancées... et plus de 2000 personnes se présenteront pour répondre aux 400 invitations.
RASPOUTINE est né sur les Champs Elysées.
1970: Elle dirige un nouveau théâtre: le Théâtre MOGADOR et présente des comédies musicales. Ce sera HELLO DOLLY avec Annie CORDY et MONSIEUR POMPADOUR avec Jean RICHARD) Ses auteurs favoris s'appellent Charles AZNAVOUR et Georges GAVARENTZ, Françoise DORIN, Claude BOLLING....
1974: Elle réalise un des voeux de son mari: ...diriger les FOLIES BERGERE.. Etrange destin que celui de cette adolescente qui, arrivant à Paris totalement démunie deviendra la directrice de ce théâtre mythique où elle avait gagné ses premiers cachets. Dés le début de sa direction des FOLIES BERGERE, elle cesse presque toutes ses autres activités pour se consacrer à ce théâtre dont elle affirme contre vents et marées la vocation: Etre et rester le plus célèbre music-hall du monde
1980: Les Folies fêtent leur cinquante millionième spectateur. Ainsi l'équivalent de la population française de 1980 a un jour franchi le seuil des Folies Bergère !
Le Grand Foyer bleu et or rénové par Helène Martini en 1974.
28 Janvier 1997: L'ARLESIENNE de Alphonse DAUDET - Mise en scène de Roger Louret - Musique de Georges BIZET - Arrangements de Catherine LARA. Deux monstres sacrés du théâtre et du cinéma réunis autour de la compagnie Roger Louret pour le chef d'Oeuvre de Alphonse Daudet: JEAN MARAIS et BERNADETTE LAFFONT viennent, à leur tour, s'inscrire sur la longue liste des grands noms qui ont brillé au fronton des FOLIES BERGERE. Ce spectacle marquera malheureusement la dernière apparition sur scène de Jean Marais.
16 Septembre 1997: NINE spectacle musical de MAURY YESTON et ARTHUR KOPIT - Adaptation française Eric-Emmanuel SCHMITT - Mise en scène: Saverio MARCONI. Inspiré de 'Huit et demi' de Fellini, NINE raconte la vie d'un réalisateur de cinéma Italien, et des femmes, toutes les femmes, qui ont traversé sa vie. La Femme, Les femmes, Ses femmes, vont être les musiciennes d'un orchestre qu'il dirige mentalement dans le monde qu'il se crée. Un monde de délires qui se croisent dans sa réalité du moment.
18 février 1998: FAME: depuis sa création à Londres en 1995, le spectacle est devenu le symbole de la jeunesse battante et gagnante. Pour Paris, le choix des 40 artistes a demandé près d'un an d'auditions à Miami. FAME est devenu un classique du genre... il était normal que les FOLIES accueillent ce spectacle mythique.
26 mai 1998: La France entière se prépare à la coupe du monde de foot-ball... Qu'à cela ne tienne, les femmes ne resteront pas sur la touche. Elles auront, elles aussi, leur part de réjouissances ! Dans une chorégraphie dynamique signée WALTER PAINTER, l'un des Maîtres de Broadway, le spectacle n'était pas à la télé mais aux Folies Bergère. Depuis toujours, les hommes sont venus à Paris des quatre coins du monde voir les revues qui ont fait sa réputation. Des spectacles sensuels, dansés et chantés, artistiques mais toujours réservés aux plaisirs masculins. Avec les CALIFORNIA DREAM MEN les femmes ont pu enfin goûter aux fruits jusqu'alors réservés à leur partenaire et scruter avec malice l'effeuillage de ces beaux Messieurs.
22 Septembre 1998: Les Folies retrouvent la Compagnie Roger Louret avec LA FIEVRE DES ANNEES 80. Pour revivre ces années 'T shirts et Jeans basket', et cette irrésistible envie de chanter, de danser, de s'éclater... en un mot de vivre. Pour revivre la fièvre d'une fin de siècle (et de millénaire) où toute une vague de nostalgies relèguent les bons vieux vinyles à la préhistoire pour les remplacer par le C.D. Avec la Fièvre des années 80, Roger Louret raconte ces années là... les tubes Disco, Reggae, Punk, Ska, New wave, Rap... Une fois encore le spectacle est nominé pour le MOLIERE DU MEILLEUR SPECTACLE MUSICAL.
21 Septembre 1999: Saverio MARCONI retrouve les FOLIES et LIO entre dans la légende des Folies Bergère... Saverio MARCONI est le type même des metteurs en scène qui savent parfaitement mettre en scène une comédie musicale. '7 Filles pour 7 garçons' est une comédie musicale avec LIO et une troupe de 33 artistes, musiciens danseurs et chanteurs. Dans l'Oregon en 1870 , l'étincelle de l'amour enflamme sept bûcherons... Un western sans coups de revolver, mais avec des coups de théâtre... L'une des plus grandes comédies musicales du Hollywood des années 1950, Seven brides for seven brothers, est restée dans les mémoires pour l'originalité de son scénario - sept bûcherons rustauds apprivoisés par sept jeunes femmes -, et pour sa musique délicieuse, ses chansons entraînantes et sa chorégraphie pleine de vitalité.
En 2000 c'est avec Valérie LEMERCIER qu'elle décide de faire changer de siècle aux FOLIES.... suivie ensuite par Marianne JAMES qui fera aux FOLIES ses adieux irrévocables de L'ultima récital.
Puis le 14 octobre 2006 c'est l'aventure de CABARET . Spectacle évènement de la saison 2006-2007 avec plus de 200 000 spectateurs, plus de 250 représentations et 6 nominations aux Molières, c'est donc à Paris que se poursuit le succès de cette nouvelle version de Sam Mendes, qui a été crée à Broadway.
En 2008 les plus grandes têtes d'affiches de John BUTLER à Herbie HANCOCK ou Jamie CULLUM, BENABAR ou Fiona APPLE et TINDERSTICKS, Omara PORTUONDO, Stéphane EICHER, Thomas FERSEN ou Les VAMPS se succèdent sur la scène mythique de la rue Richer.
Octobre 2010: le partenariat avec Stage Entertainment se poursuit avec la création en France de ZORRO. Rythmé par les plus grands succès des Gipsy Kings, ZORRO réunit chants, danse flamenco, combats à l'épée, cascades, romance et aventure. Adapté du roman 'Zorro' d'Isabel Allende, mis en scène par Christopher Renshaw (The King and I, We Will Rock You), le spectacle offre une nouvelle vision de l'histoire de Zorro en revenant aux origines de la légende du justicier qui signe son nom de la pointe de son épée.
La chorégraphie est signée Rafael Amargo, et la musique des Gipsy Kings, associant tubes et compositions originales est jouée par un orchestre en live. Les décors et les costumes sont de Tom Piper, créateur rattaché à la prestigieuse Royal Shakespeare Company.
Le chapitre du 21eme siècle est ouvert...et les Folies Bergère sont en route pour leur 150ème anniversaire.